Etymologie de Saint-Forgeux-Lespinasse:ec.san Ferreoli et capella de Espinatia (1166), de Ferreolus, évêque de Limoges au VIème siècle ou d’un martyr à Vienne au IVème siècle – Espinasse de spina au sens “Aubépine” ou de “prunellier” (épine noire). Gentilé: Saint Férréolois |
L’ancienne ville de Lespinasse |
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L’incendie de 1590, un événement tragique de la guerre de la Ligue, a causé la disparition complète de la ville de Lespinasse, pourtant dotée de remparts, d’un château-fort, de nombreuses maisons particulières et protégée naturellement par des étangs alimentés par la Teyssonne. Les anciennes halles de l’Espinasse, déplacées près de la façade de l’église, ont été défigurées par des ajouts en briques. |
Le bourg de Saint-Forgeux-Lespinasse |
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Le bourg de Saint-Forgeux-Lespinasse existe depuis le XIIe siècle, et les terres étaient déjà détenues par la famille Lespinasse au XIIIe siècle. À quelques kilomètres de Saint-Forgeux-Lespinasse, le hameau de l’Espinasse, qui a donné son nom à Saint-Germain et Saint-Forgeux, constitue une agréable et intéressante destination de promenade. Situé près de la Teyssonne, du Lyron et du Jubilion, ce hameau mérite une visite, non seulement pour ses vestiges historiques, mais aussi pour la beauté et la tranquillité de ses paysages. Ancienne station gauloise et gallo-romaine, comme le prouvent les découvertes de sites taillés, de pierres polies et de monnaies gauloises et romaines faites au siècle dernier, l’Espinasse était au Moyen Âge une petite ville prospère, probablement en raison de sa position à la frontière du Forez et de la Bourgogne, dont elle faisait alors partie. En plus des vestiges témoignant de sa grandeur passée (le château et le donjon), des fouilles ont mis en évidence les fondations de l’église. Bien que les halles existent toujours, elles ont été transférées à Saint-Forgeux-Lespinasse par un arrêté du Directoire (4 germinal An II de la République). |
LE CHATEAU DE L’ESPINASSE |
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En arrivant à l’Espinasse, le château apparaît le premier, à droite. Le corps principal est une construction coiffée d’une toiture aiguë qui rappelle celle du Petit Louvre de La Pacaudière et celles de Boisy et Saint-André, qui sont sensiblement contemporaines.
La Façade orientale est parementée à hauteur du premier étage de céramique bichrome, ornementation que l’on retrouve au château de Saint-André et sur la Maison Papon de Crozet. Seules les fenêtres du second étage sont d’époque. Elles sont flanquées de petites colonnes qui s’appuient sur un bandeau mouluré reformule. . |
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Un petit chemin longeant la Teysonne mène à la cour du château, accessible par un portail en plein cintre datant du XVIIe siècle (la visite n’est pas autorisée). Les fenêtres du deuxième étage de cette façade suivent le même style que les précédentes, mais sont séparées par un meneau en pierre. Au-dessus de la porte principale du logis, un écusson ornaît autrefois le fronton, mais il a disparu. Toutefois, l’inscription énigmatique « AVT VINCI – AVT MORI » subsiste sur le linteau. À l’intérieur, le rez-de-chaussée abrite deux salles voûtées. |
Le Château fort de L’espinasse : LE DONJON |
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Le château fort de l’Espinasse n’a préservé que son donjon, très endommagé, qui est le dernier vestige à avoir échappé aux destructions de 1590, à une époque où la ville comptait environ huit mille habitants, selon certaines sources. Ce village devait être d’une importance certaine, puisqu’il était le siège de la justice, aussi bien pour la haute que pour la basse justice. Édifié sur une motte artificielle d’une hauteur d’environ cinq ou six mètres, entourée de fossés encore visibles, le donjon semble avoir été construit au XIe siècle, probablement sur le site d’un ancien camp romain. Il faisait partie d’un ensemble de constructions destinées à héberger les habitants et les hôtes du château. Avec son plan rectangulaire aux angles arrondis, il présente des similitudes avec les donjons de Roanne et de Couzan. Initialement isolé au centre de l’enceinte fortifiée, il servait de dernier refuge en cas d’attaque. L’accès s’effectuait uniquement par un pont-levis menant au premier étage, la salle inférieure étant inaccessible depuis l’extérieur, sauf par des échelles menant à une trappe dans le plancher de l’étage supérieur. Ce donjon, d’une hauteur de 17 mètres, possède des murs de 150 cm d’épaisseur à la base, caractéristiques d’une construction datant probablement de la première moitié du XIIe siècle. Le deuxième étage, plus tardif, pourrait être le fruit d’une reconstruction réalisée au XVe siècle. Les ouvertures du rez-de-chaussée, nettement plus récentes, datent probablement du XVIIe siècle. Selon Noëlas, vers 1885, la tour était recouverte d’une voûte en berceau brisé, soutenue par deux arcs transversaux. Cette structure se serait effondrée autour de 1891. À proximité, sur la route de Vivans, se trouve également une entrée de ferme, surmontée d’un pigeonnier en ruine qui conserve néanmoins un certain charme. Les fondations du château sont toujours présentes et, lorsqu’on survole le site en avion, le tracé des anciennes rues est clairement visible. À quelques kilomètres sur la route, se trouve également le château Renaissance de Lespinasse, remanié en 1886.
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Le donjon de l’Espinasse est entouré de mystères et de légendes… On raconte souvent que des “dames” ou des “fantômes” hantent les lieux. L’environnement, avec les deux rivières, la Teyssonne et le Briquet, ainsi que les étangs, peut en effet expliquer la formation de brouillards ou de nappes de brume, propices à faire naître des croyances en apparitions spectrales. Dans ses Légendes foréziennes, M. Noëlas raconte : “Un baron, dans l’histoire du Châteauguet, chercha à contraindre un moine à offrir ses habits au diable, qui reposait dans le lit du baron. Immuable, le religieux fit un signe de croix et, instantanément, un bruit épouvantable éclata dans toute la vallée, la terre se fendit, et la ville entière fut engloutie dans les enfers, emportant avec elle le baron maudit.” M. Noëlas évoque aussi : “On raconte qu’au cœur des longues et froides nuits d’hiver, des bruits étranges résonnent autour de l’ancien donjon de l’Espinasse : des roues de chariots qui roulent, des cloches qui tintent, des enfants qui pleurent. À ce moment-là, la tour semble s’enfoncer et, pour le voyageur solitaire, l’apparition d’une femme en voile blanc errant près de la Teyssonne, pleurant tristement en contemplant l’eau, devient une vision poignante.” Ces légendes font écho à l’ombre de l’Espinasse, une ville aujourd’hui disparue, qui pleure la grandeur de son passé. |
L’Eglise Romane de Saint-Forgeux-Lespinasse |
L’église de Saint-Forgeux-Lespinasse, datant du XIe siècle, est un exemple représentatif de l’architecture romane de l’époque. Bien que la construction soit relativement récente pour un édifice historique, elle est fière de son héritage, notamment de ses fresques datant du XIVe siècle, découvertes lors de travaux de restauration en 1921 et aujourd’hui classées aux Monuments Historiques. L’église conserve encore son joli chevet ainsi qu’un escalier extérieur menant au clocher, caractéristiques rares. L’entrée se fait par un porche à auvent. À l’intérieur, l’attraction principale réside dans les célèbres peintures murales sur le mur gauche, représentant les quatre Évangélistes et le blason de la famille de Lévis. Malheureusement, ces fresques ont beaucoup souffert au fil du temps, et il est désormais difficile de les interpréter. Heureusement, des photos anciennes et une description détaillée ont été conservées, permettant de préserver la mémoire de ces œuvres. D’après les notes de N. Thiollier et G. Brassart, voici ce que l’on pouvait observer sur ces fresques : « Sur la gauche, une Sainte est représentée assise sur un siège sans dossier. Sa tête est auréolée d’un nimbe d’or et elle porte une coiffe blanche. Habillée d’une robe rouge-brun, elle tient dans sa main droite une palme jaune d’or et dans l’autre un livre ouvert. À sa gauche, un agneau nimbe repose sur le siège. De chaque côté de la scène, deux jeunes filles sont agenouillées, l’une avec les mains jointes, l’autre égrenant un chapelet. Elles portent des vêtements identiques et une longue cornette tombant presque jusqu’à leurs pieds. Ces éléments, ainsi que la palme, l’agneau et les jeunes filles, évoquent Saint-Agnès. La scène suivante illustre le baptême du Christ. À gauche, un ange aux ailes rouges et blanches, auréolé, porte une ceinture jaune d’or et une robe blanche. Le Christ, debout dans une cuve, est entouré d’un nimbe doré, tout comme Saint-Jean-Baptiste, vêtu d’une robe brun-rouge et tenant dans sa main gauche une petite maison surmontée d’une croix. À côté de lui, un pèlerin, coiffé d’un chapeau sans forme et portant une barbe dorée, tient un bourdon. D’autres personnages sont visibles plus bas. Les peintures suivantes, recouvertes d’un enduit d’environ un centimètre d’épaisseur, semblent plus récentes. Elles sont en meilleur état de conservation, bien que des piquages, destinés à améliorer l’adhérence d’un enduit plus tardif, aient causé quelques dégradations. On peut y voir un blason très mutilé, puis une représentation de Saint-Claude, en robe rouge et mitre blanche, tenant dans sa main droite une croix à palmettes dorées. Debout derrière un tombeau d’où émerge un corps, il semble bénir la scène. Sous cette image, l’inscription suivante apparaît : “SANCTE CLAUDI ORA PRO NOBIS”. Plus à droite, une scène montre Notre-Dame de la Pitié, la Vierge au nimbe doré, vêtue d’une robe rouge et d’un voile blanc. Le Christ, également auréolé, porte un nimbe formé de palmettes. Une inscription en gothique se lit sous la scène : “DOMINE SALVA NOS”. Ces fresques ne remontent probablement pas au-delà du XVIe siècle. |