Le moulin de l’Espinasse

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Le Moulin de Lespinasse
Un trait d’union entre le passé et l’avenir…

Un peu d’histoire du site de l’Espinasse

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On ne sait pas ce qu’il en était auparavant, mais il est certain qu’en 1066, alors que le Seigneur de l’Espinasse combat aux côtés de Guillaume le Conquérant à Hastings contre les Anglais, les moulins banaux de l’Espinasse et du Sarot, installés le long de la Teyssonne, tournent sans relâche. Ils assurent l’approvisionnement des habitants en produits essentiels : farine et fibres.

 

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La ville de l’Espinasse a changé de mains à plusieurs reprises jusqu’en 1590. Pendant près de six siècles, elle a connu des périodes troublées, marquées par des violences et des pillages perpétrés par des bandes errantes. Mais c’est en avril 1590 qu’un tournant décisif survient : les Ligueurs font halte à L’Espinasse pour y passer la nuit. Informée de leur présence, l’armée royale, alors cantonnée à Marcigny, décide d’intervenir sans attendre pour les en chasser. L’affrontement qui s’ensuit provoque un incendie dévastateur, réduisant en cendres le siège de la baronnie.

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Craignant que la ville ne soit jamais reconstruite, Antoine Dumayne, alors propriétaire du site, entreprend entre 1590 et 1600 la reconstruction du donjon, des moulins ainsi que de la prévôté. Les moulins sont par la suite mis en location, jusqu’à ce que Pierre Terray de Rosière devienne le nouveau seigneur de l’Espinasse en 1759. Le bail emphytéotique, établi le 29 mars 1600, est résilié le 2 novembre 1760 au profit d’Antoine Bailly.

Toutefois, neuf ans plus tard, le 23 novembre 1769, Pierre Terray de Rosière vend officiellement les moulins banaux de l’Espinasse à Antoine Bailly. La famille Bailly exploitera le moulin jusqu’en 1952, date à laquelle Claude-Marie Bailly le transmet à son neveu, Gabriel Périchon, fils de Cécile Périchon, née Bailly.

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Aujourd’hui, le moulin appartient à Marie-Thérèse, fille aînée de Gabriel Périchon, à qui il a été transmis par héritage. Mariée à Patrice Cadet, un roturier bourguignon né en Côte-d’Or en 1949, elle lui confie la responsabilité de l’entretien et de la gestion du moulin.

Le bâtiment tel qu’il se présente aujourd’hui doit sa dernière grande modernisation à Claude-Marie Bailly, en 1952. Seules deux modifications notables ont été apportées depuis : en 1963, la roue a été remplacée par une turbine allemande Ossberger ; puis, en 1974, la dernière meule, trop usée malgré plusieurs rhabillages, a été retirée au profit d’un broyeur à marteaux.

Grâce à ces équipements, Gabriel Périchon, dernier meunier en activité, a pu produire quotidiennement entre 3 et 3,5 tonnes de farine, principalement destinée à l’alimentation animale pour les agriculteurs des environs. Le quota de farine panifiable, quant à lui, restait limité à 2673 quintaux par an, fournis essentiellement aux boulangers de Saint-Forgeux-Lespinasse et de Saint-Germain-Lespinasse.

 

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Pendant près de mille ans, le moulin de l’Espinasse a été un pilier de la sécurité alimentaire locale, en fournissant la farine et, autrefois, le pain cuit dans chaque ferme de la région. Mais en 1988, l’heure de la retraite avait sonné pour Gabriel Périchon.

Le débit de la Teyssonne avait diminué de 25 % depuis 1970, conséquence du captage de ses sources pour alimenter une population en constante croissance. Cette baisse drastique ne permettait plus d’assurer le fonctionnement des machines par la seule force hydraulique, et le recours à l’électricité devenait économiquement insoutenable.

Lorsque la porte du moulin s’est refermée, nombreux sont ceux qui ont cru qu’il venait d’entrer à jamais dans le silence immobile de la mémoire collective.

Les éminents représentants du peuple français, auteurs de la Déclaration des Droits de l’Homme, se seraient-ils trompés en abolissant tous les privilèges durant la Révolution française… sauf un : les droits d’eau ? Convaincus de l’utilité durable de la force motrice de l’eau, ils ont choisi de les préserver. Aujourd’hui, on peut dire qu’ils ont fait preuve d’une remarquable clairvoyance. Car ces droits, hérités du passé, pourraient bien offrir aux moulins — piliers de la première révolution industrielle européenne — une nouvelle vie, cette fois au service de la transition énergétique, en produisant de l’électricité renouvelable pour les générations à venir.

 

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Cela est possible, à condition que nos élus aient le courage de lever certaines entraves injustifiées qui freinent aujourd’hui l’exploitation de ce potentiel. Ces obstacles ont été instaurés à une époque où l’on n’avait pas encore pris la mesure de la révolte de la nature, née du mépris avec lequel l’humanité l’a exploitée — notamment à travers l’usage incontrôlé du pétrole et du gaz.

En brûlant ces énergies fossiles pour faciliter notre confort matériel, nous avons certes simplifié notre quotidien, mais nous avons aussi perdu ce lien immatériel et naturel qui donnait un sens plus profond à notre existence. Notre génération a vu disparaître des espèces animales et végétales, a respiré un air devenu toxique et bu une eau que l’on ne peut plus appeler pure.

La France est sans doute le seul pays au monde à avoir désigné un coupable unique dans la crise de l’eau et de la biodiversité aquatique : les moulins. Oui, vous avez bien lu. Une loi votée à Paris affirme que la destruction des seuils qui alimentent les moulins en eau permettrait à la rivière de retrouver sa pureté d’origine et aux poissons de mieux se reproduire. Une idée pour le moins surprenante… et déconnectée de la réalité.

Le Moulin aujourd’hui

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La turbine, qui attendait patiemment depuis 1988 de voir l’eau à nouveau caresser ses pales métalliques pour produire de l’énergie électrique renouvelable, se trouve juste à côté de la roue. Ce rêve est devenu réalité en 2013, grâce au soutien de la Région Rhône-Alpes. Dans une région qui détient 60 % des réserves d’eau de la France, il est difficile de ne pas voir l’interdiction d’utiliser la force motrice hydraulique comme une absurdité, comparable à interdire aux habitants du Sud de tirer parti de l’énergie solaire !

Une turbine de 50 ans n’a rien à voir avec les 20 ans d’espérance de vie des panneaux solaires ou des éoliennes. Il suffit d’ouvrir les vannes, et l’alternateur produit sans hésiter entre 10 et 11 kWh. Ce n’est pas destiné à alimenter le réseau national, trop peu et trop irrégulier à cause des captages et du réchauffement climatique, mais elle sert à chauffer trois logements voisins, contribuant ainsi à éviter l’émission de 8 tonnes de gaz à effet de serre en réduisant l’utilisation du propane. Voilà la modeste contribution du moulin à la préservation de notre planète.

Si chacun d’entre nous faisait ne serait-ce que la moitié de cet effort, nous pourrions sans doute éviter que la température mondiale n’augmente de ces 2 degrés qui semblent si cruciaux pour notre avenir et celui de la nature.

Depuis qu’il est à nouveau en fonctionnement, le moulin a retrouvé son sens, renouant avec sa vocation originelle en parfaite harmonie avec l’eau. Il restera à jamais un symbole solide de nos racines rurales, laborieuses et pacifiques.

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Si vous souhaitez visiter le moulin, vous pouvez contacter Patrice Cadet à Saint-Forgeux-Lespinasse : cadetpatrice@orange.fr
L’Association de Sauvegarde des Moulins de la Loire (ASM Loire)
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L’Association de Sauvegarde des Moulins de la Loire (ASM Loire) a son siège social au Moulin de Lespinasse à Saint-Forgeux-Lespinasse

Adresse postale : p/a Patrice Cadet – Les Martins – 42640 Saint-Forgeux-Lespinasse.

En mars 2016, le bureau a été renouvelé.

Président  : Patrice Cadet, assisté de Bernard Chuzeville
Secrétaire  : Stéphane Chaize
Trésorier : Pierre Durand
Conseiller technique : Guy Moncorgé (responsable des questions juridiques).

L’association regroupe des propriétaires de moulins ou de seuils agricoles, mais aussi des amis des moulins. Elle est ouverte à tous.

Pour vous engager à nos côtés, merci de contacter l’association à l’adresse suivante :  asmloire@orange.fr

Bulletin d’adhésion  : cliquer ici

L’ASM Loire adhère à la FFAM (Fédération Française des Associations de sauvegarde des Moulins) qui regroupe une centaine d’associations réparties dans toute la France, totalisant plus de 10 000 adhérents.

L’association a pour objectif la sauvegarde de ce patrimoine, le 3ème de France, qui bénéficie d’un énorme capital de sympathie dans la population, et surtout de faire en sorte que les moulins participent à la lutte contre le réchauffement climatique en remettant les turbines en marche pour produire non pas de la farine, mais de l’énergie électrique renouvelable, conformément aux objectifs de la COP21. Mais cette logique s’est heurtée à une décision administrative qui a entrepris de détruire ce petit patrimoine et d’effacer nos racines identitaires rurales, au nom d’un objectif utopique : le retour des poissons dans un milieu aquatique pollué dans lequel ils ne peuvent plus vivre.

L ‘Association doit donc expliquer que les seuils et les moulins sont d’intérêt général :

La France s’apprête à supprimer plusieurs dizaines de milliers d’ha de zones humides malgré les engagements pris durant la conférence de Paris sur le climat cette année. Tout le monde sait à quel point les zones humides sont importantes pour la planète grâce à leurs fonctions écologiques multiples qui leurs permettent de digérer nos nitrates et autres polluants agricoles, y compris les pesticides, et tout cela gra-tui-tement !
Tous ces processus se passent dans les lacs, les étangs, les mares et … derrière les seuils de nos 60 000 vieux moulins, qui ont en plus la capacité d’absorber le gaz à effet de serre et d’oxygéner l’eau. Ces seuils représentent plusieurs milliers ha de zones humides. Mais ils sont voués à la destruction suite à une loi Française, la LEMA de 2006, (et pas à cause de la directive cadre européenne sur l’eau de 2000) parce qu’on reproche aux seuils de faire disparaître les poissons ?
Nous passerons sur l’histoire qui prouve que les moulins ont fait très bon ménage avec les poissons durant des siècles, et que ce sont les barrages construits au 19ème siècle qui ont stoppé les migrations. Mais aujourd’hui, 150 ans plus tard, rester figé sur ce constat est un peu surprenant, surtout après la COP 21 qui nous a appris que la pollution et le changement climatique sont à l’origine de la sixième crise d’extinction d’espèces ! Pour faire court, la destruction des inoffensifs seuils de moulins (3ème patrimoine de France) et même des barrages, véritables obstacles, ne peut plus ramener nos poissons, mais au contraire, va accélérer leur disparition. Pourquoi ? Parce que les fonctions de ces zones humides vont disparaître. Au lieu d’ajouter une ligne sur nos feuilles d’impôts ne serait-il pas plus astucieux de faire travailler la nature et de construire des seuils, en les équipant pour éventuellement faciliter le passage des quelques centaines de saumons qui restent en France ?
Mais il y a pire, il faudra aussi dire adieux à nos huîtres et à nos coquillages qui sont déjà en train de mourir le long de nos côtes, alors que la destruction des seuils ne fait que commencer… Plus on enlèvera de seuils, plus les polluants arriveront vite sur nos côtes et ils seront en pleine forme ! L’eau arrivera aussi plus vite, augmentant les risques d’inondations. Ce n’est toujours pas tout, ces seuils peuvent aussi être employés pour transformer la force motrice de l’eau en énergie électrique renouvelable de proximité, pas chère du tout, technique durable par excellence, apportant un peu de ressources dans nos campagnes et surtout créant toutes sortes d’emplois.
L’argent utilisé pour détruire nos seuils de moulins aura exactement l’effet inverse de celui escompté, supprimer les processus d’épuration de l’eau et la production d’énergie renouvelable qui permettrait justement de rendre le milieu aquatique propice à la vie de nos poissons légendaires. Il faudrait changer la loi en intégrant ce que l’on sait aujourd’hui, avant qu’il ne soit trop tard, en se souvenant que les représentants du peuple Français en 1789, ont abrogé tous les privilèges durant la révolution sauf…, sauf les droits d’eau, sur lesquels s’est ensuite bâti tout notre développement énergétique et industriel. Ces droits d’eau n’étaient pas perçus comme un moyen d’asservir le peuple, mais au contraire de le servir. Ces mêmes représentants ont aussi rédigé la déclaration universelle des droits de l’Homme. Ils ont pu préserver l’avenir.