Le site historique de l’Espinasse

La destruction du bourg de l’Espinasse

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Au XIVe siècle, le siège de la baronnie était une « ville franche » d’importance notable. Son destin fut toutefois singulier : il fut détruit pendant les guerres de religion, alors que son seigneur, Antoine Dumayne, avait pris le parti de la Ligue. Cette destruction fut relatée par un témoin direct de l’événement, qui en était également un acteur : Guillaume de Saulx, seigneur de Tavannes.

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Au printemps de l’année 1590, Saulx-Tavannes et d’autres “chefs de gens de guerre”, qui étaient du côté du Roi, apprirent qu’une garnison de rebelles lyonnais se trouvait dans la “grosse tour proche de la ville de Marcigny”, appelée Milamperle, un entrepôt de sel. Ces rebelles prévoyaient de transporter le sel vers Lyon. Les troupes royales décidèrent donc d’agir pour les en empêcher, tout en récupérant ce sel pour payer les soldats et répondre aux besoins urgents de la guerre.

Avec deux cents maîtres de cheval et mille fantassins, Tavannes se dirigea vers Marcigny. En chemin, il fut rejoint par le marquis de Mirebeau, qui amenait vingt-cinq cavaliers de sa troupe. Ils prirent Marcigny et la tour de sel de Milamperle, avant de distribuer le sel afin de payer les soldats.

Avant de disperser ses troupes dans la région, Tavannes demanda aux gentilshommes voisins de le tenir informé des mouvements de l’ennemi pour éviter toute surprise. Peu après, il apprit que trois cents cavaliers, sous les ordres du gouverneur de Mâcon, le sieur de la Varenne, se dirigeaient vers lui. Tavannes décida de les affronter. Il laissa ses fantassins à Marcigny et, accompagné du marquis de Mirebeau et du sieur de Cipierre avec leurs cavaliers, il se dirigea vers l’ennemi.

Après six lieues de marche, ils arrivèrent à Lespinasse, où l’ennemi était logé, sans avoir pris la précaution de placer des sentinelles. Tavannes ordonna au marquis de Mirebeau d’attaquer le village. Il fit aussi mettre les arquebusiers à cheval, tout en envoyant des fantassins à pied et en allumant un feu dans une maison pour éclairer la zone. Tavannes, quant à lui, attendait avec le reste de la cavalerie aux abords du village pour intercepter l’ennemi qui arriverait à cheval.

L’attaque fut un succès. Plusieurs ennemis furent faits prisonniers et un butin saisi. Certains rebelles qui sortirent à cheval du village tombèrent directement sur la cavalerie royale.

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Pendant ce temps, le feu allumé dans la maison pour éclairer les environs se propagea rapidement à tout le village, dont les maisons étaient couvertes de paille. Depuis cet incendie, le village n’a jamais pu se reconstruire complètement.

Plus tard, seules les structures essentielles furent reconstruites ou restaurées : la chapelle (qui était encore en activité en 1791), le four, le pressoir et les moulins banaux, le pilori, ainsi que les halles seigneuriales, qui servaient à la fois pour la justice seigneuriale et pour accueillir les deux foires annuelles, le 23 avril et le 14 septembre. Ces foires se tenaient encore en 1790, lorsque Saint-Germain demanda leur transfert dans son bourg. Un arrêté du Directoire, en date du 4 germinal An II, autorisa le transfert des foires et des halles du hameau de l’Espinasse vers Saint-Forgeux, où elles se trouvent toujours, ayant été transformées en salle d’animation rurale en 1977-1978.

L’incendie de 1590, un triste épisode de la guerre de la Ligue, marqua la disparition totale de la ville de Lespinasse, malgré ses remparts, son château-fort, ses nombreuses maisons particulières, et sa situation naturellement protégée par des étangs alimentés par la Teyssonne.

 

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Seules ont survécu à ce terrible incendie une imposante tour carrée qui se dresse au milieu des prairies et les Halles, déjà mentionnées plus tôt. Cependant, les fondations restent visibles, et le tracé des anciennes rues apparaît clairement, notamment lorsqu’on survole le site en avion. À quelques distances, sur la route, on peut aussi admirer le château Renaissance de Lespinasse, modifié en 1886.En 1970, l’Espinasse n’était qu’un “village de quatre à cinq feux” et était décrit comme un marécage, dû à l’accumulation des eaux. Aujourd’hui, il s’agit d’un hameau où l’on peut observer :

Le donjon de la ville, une haute tour carrée aux angles arrondis, érigée sur une motte artificielle. Autour de celle-ci, les anciens fossés de la ville sont encore discernables, notamment depuis les airs, et offrent un aperçu de l’étendue de la ville d’autrefois.Le vieux moulin à eau, qui a fonctionné jusqu’à récemment.De vieilles fermes à colombages, accompagnées d’un pigeonnier.Le château seigneurial, autrefois siège du tribunal. Celui-ci a sans doute été reconstruit après les événements de 1590, car l’état actuel du bâtiment combine des éléments datant de la seconde moitié du XVIe siècle (pour la partie principale), du XVIIe siècle (porte à bossages) et du XIXe siècle.Le donjon de Lespinasse (monument historique datant du XIIe siècle), le château Renaissance du XVIe siècle à la façade en briques vernissées, et la ferme du XVIIe siècle sont les témoins principaux de ce que fut autrefois la ville prospère et renommée de Lespinasse.En 1590, un incendie dévastateur détruisit en une seule nuit l’ancienne ville fortifiée de Lespinasse, qui était protégée par des remparts et dont les maisons étaient alimentées en eau par la Teyssonne.