La forêt de Lespinasse

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Poumon de verdure au centre de la plaine, la forêt de Lespinasse, aménagée par le Conseil Général et gérée par l’ONF, accueille chaque année plus de 60 000 visiteurs, ce qui lui confère le rang de deuxième site touristique du département de la Loire. Espace naturel sensible de 455 hectares, c’est un lieu privilégié pour découvrir le milieu forestier, la faune et la flore des sous-bois ainsi que les modes de gestion forestière.
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Un vaste massif feuillu de plaine
Constituée en majorité de chênes et de charmes, la forêt de Lespinasse est la plus grande forêt feuillue de plaine du département de la Loire. Chêne rouvre et chêne pédonculé s’y cotoient, bien que ce dernier se fasse plus rare au centre de la forêt. Les 455 ha de bois et les quatre étangs, propriété du Conseil Général, sont très fréqentés par les promeneurs, les vététistes, joggeurs, pêcheurs et ramasseurs de champignons.
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Le sentier d’interprétation du chêne président vous fera découvrir agréablement la richesse écologique et la mémoire de ce lieu. Plusieurs circuits balisés de longueurs différentes – dont un circuit VTT – permettent également de voir et d’apprécier cette forêt remarquable.
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Il faut dire que les nombreuses aires de pique-nique et de jeux pour enfants , les étangs et les chemins balisés facilitent grandement les activités de loisirs et de détente. Tâchez toutefois de ne pas trop perturber la tranquillité presque intimidante de cet espace naturel. Et si vous aimez les chemins bien boueux, sachez que le climat apporte ici huit cents millimètres de pluie par an !

Un bâtiment, appelé le Grand-Couvert, sert d’accueil pour les scolaires qui viennent profiter du bel outil pédagogique que constitue la forêt. A signaler que de nombreuses animations estivales sont proposés (soirées contes, expositions, point informations tourisme…) sur ce site.
L’exploitation et la production de bois sont gérées de manière raisonnée par l’Office national des forêts

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Une forêt témoin de l’histoire

D’un point de vue historique, les plus anciennes traces de la forêt remontent à deux mille ans. Jules César évoquait, dans ses commentaires de guerre, une escarmouche entre ses légions et les Arvernes au lieu-dit Aspinassia (Lespinasse). C’est vrai qu’à peine lancé sur le parcours VTT balisé, on craint parfois de surprendre une réunion de druides.
Par la suite, la forêt s’est transmise à différentes générations de familles aristocratiques qui l’exploitèrent, dont les Noailles, pour être finalement achetée par le Département en 1968. Les noms donnés à certains sites de la forêt évoquent également l’histoire des lieux. Le carrefour de l’Evangile et sa croix nous rappellent les réunions secrètes tenus par des huguenots après la révocation de l’édit de Nantes.

 

Le moulin de l’Espinasse

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Le Moulin de Lespinasse
Un trait d’union entre le passé et l’avenir…
Un peu d’histoire du site de l’Espinasse
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Avant, on ne sait pas, mais il ne fait aucun doute qu’en 1066, pendant que le Seigneur de l’Espinasse se bat à Hastings contre les Anglais, au côté de Guillaume le Conquérant, Duc de Normandie, ses moulins banaux de l’Espinasse et du Sarot tournent le long de la Teyssonne pour fournir les denrées de base aux habitants de l’Espinasse : la farine et les fibres.
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Jusqu’en 1590, la ville de l’Espinasse est passée de main en main. Durant ces 6 siècles, la vie n’a pas toujours été paisible, entrecoupée de périodes ensanglantées par les pillages de hordes errantes incontrôlées. Mais c’est bien à partir d’avril 1590 que tout change, quand les ligueurs s’arrêtent à L’Espinasse pour passer la nuit. L’armée royale stationnée à Marcigny décident de venir immédiatement les déloger. La bataille déclenche un incendie qui détruit totalement le siège de la Baronnie.
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Si la ville ne sera jamais reconstruite, Antoine Dumayne, propriétaire du site fait restaurer le donjon, les moulins et reconstruire la prévôté entre 1590 et 1600. Les moulins sont alors loués, jusqu’à ce que Pierre Terray de Rosière devienne le nouveau propriétaire de l’Espinasse en 1759. Le bail emphytéotique signé le 29 mars 1600 est résilié le 2 novembre 1760 au profit d’Antoine Bailly.
Mais 9 ans plus tard, le 23 novembre 1769, Pierre Terray de Rosière vent les moulins banaux de l’Espinasse à Antoine Bailly. La famille Bailly va exploiter le moulin de l’Espinasse jusqu’en 1952 quand Claude–Marie Bailly le cède à son neveu : Gabriel Périchon, dont la mère, Cécile Périchon, est une Bailly.

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Aujourd’hui le moulin a été transmis par héritage à la fille ainée de Gabriel Périchon, Marie-Thérèse, épouse de Patrice Cadet, un roturier Bourguignon, né en Côte d’or en 1949, à qui elle donne l’ordre de s’occuper du moulin.

Le moulin, tel qu’il existe aujourd’hui a été modernisé pour la dernière fois en 1952 par Claude-Marie Bailly, à l’exception de la dernière meule qui a été retirée en 1974, trop usée par les rhabillages successifs pour être remplacée par un broyeur à marteaux ; et de la turbine allemande Ossberger qui a été installée en 1963 pour remplacer la roue. Avec ces installations, Gabriel Périchon, le dernier meunier, broyait 3 à 3,5 t de grains par jour, principalement de farine animale pour les agriculteurs des environs. Le contingent de farine panifiable n’est que de 2673 Qx par an, destinés aux boulangers de Saint-Forgeux-Lespinasse et de Saint-Germain-Lespinasse.

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Pendant 1000 ans, le moulin de l’Espinasse a été un élément indispensable à la sécurité alimentaire de la population de la région en fournissant la farine du pain qui était cuit à l’époque dans chaque ferme. En 1988, il était temps que Gabriel Périchon prenne sa retraite. Le captage de toutes les sources de la Teyssonne pour ravitailler une population en pleine augmentation a fait baisser le débit de la rivière de 25 % par rapport à 1970. Il n’y avait plus assez d’eau pour faire fonctionner les machines avec la force hydraulique et le recours à l’électricité devenait économiquement trop lourd. Lorsque la porte du moulin s’est fermée, on a bien cru qu’il entrait définitivement dans l’éternité figée de nos souvenirs.

Les illustres représentants du peuple français, auteurs de la déclaration universelle des droits de l’Homme, se seraient-ils trompés lorsque, pendant la révolution française, ils ont aboli tous les privilèges, sauf un, les droits d’eau, convaincu de l’utilité éternelle de la force motrice de l’eau ? Aujourd’hui on peut dire que non, leur clairvoyance de l’époque pourrait bien permettre aux moulins, sur lesquels s’est construite la 1ère révolution industrielle européenne, de reprendre pour 1000 ans de service au profit de la population du pays, mais cette fois en produisant de l’énergie électrique renouvelable.

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C’est possible, à condition que nos élus lèvent quelques entraves injustifiées qui bloquent l’exploitation de ce potentiel, entraves instaurées avant que la nature ne se révolte contre le mépris dans lequel l’humanité l’avait enfermée en exploitant de manière anarchique le pétrole ou le gaz. En brûlant ces énergies fossiles dans nos moteurs, nous avons certes grandement facilité notre existence matérielle, mais détruit simultanément sa dimension naturelle immatérielle qui lui donne un sens. Notre génération a vu les animaux et les plantes disparaître, l’air devenir irrespirable et l’eau imbuvable.

Malheureusement, en ce qui concerne l’eau et les poissons, la France est le seul pays au monde à avoir trouvé le coupable : les moulins. Oui, vous avez bien lu, les moulins. Une loi votée à Paris stipule que la destruction des seuils qui alimentent les moulins en eau permettra à l’eau de redevenir propre et aux poissons de se reproduire ? Surprenant et irréaliste.

Le moulin aujourd’hui
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A côté de la roue, vous verrez la turbine, qui attendait patiemment depuis 1988 que l’eau caresse à nouveau ses pales métalliques pour produire de l’énergie électrique renouvelable. Ce fût le cas en 2013, grâce à l’aide de la Région Rhône-Alpes. Notre région détient 60% des réserves d’eau française et il faut bien admettre qu’empêcher les habitants de cette région d’exploiter la force motrice hydraulique, c’est comme refuser aux habitants du midi d’exploiter l’énergie solaire !! 50 ans pour une turbine, c’est la fleur de l’âge, rien à voir avec les 20 ans d’espérance de vie des panneaux solaire ou des éoliennes. Il a suffit d’ouvrir les vannes et l’alternateur a fourni sans rechigner 10 à 11 kWh. Rendez-vous en 2050 pour la prochaine révision ! L’énergie électrique n’est pas destinée à alimenter le réseau national, c’est trop peu et trop irrégulier à cause des captages et du réchauffement climatique. Cette énergie brute sert à chauffer trois logements situés à proximité, évitant de produire tout de même 8 tonnes de gaz à effet de serre en réduisant le recours au gaz propane pour leur chauffage. C’est cela la contribution du moulin à la sauvegarde de la planète. Si seulement chaque habitant pouvait en faire la moitié, nous pourrions sans aucun doute éviter que la température globale de la planète n’augmente de ces 2 petits degrés qui semblent si cruciaux pour notre avenir et celui de la nature… Depuis sa mise en route, le moulin a aussi retrouvé sa raison de vivre, en renouant avec son usage naturel en symbiose avec l’eau. Il restera encore longtemps le témoin solide de nos racines rurales laborieuses et pacifiques.

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Si vous souhaitez visiter le moulin, vous pouvez contacter Patrice Cadet à Saint-Forgeux-Lespinasse : cadetpatrice@orange.fr
L’Association de Sauvegarde des Moulins de la Loire (ASM Loire)
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L’Association de Sauvegarde des Moulins de la Loire (ASM Loire) a son siège social au Moulin de Lespinasse à Saint-Forgeux-Lespinasse

Adresse postale : p/a Patrice Cadet – Les Martins – 42640 Saint-Forgeux-Lespinasse.

En mars 2016, le bureau a été renouvelé.

Président  : Patrice Cadet, assisté de Bernard Chuzeville
Secrétaire  : Stéphane Chaize
Trésorier : Pierre Durand
Conseiller technique : Guy Moncorgé (responsable des questions juridiques).

L’association regroupe des propriétaires de moulins ou de seuils agricoles, mais aussi des amis des moulins. Elle est ouverte à tous.

Pour vous engager à nos côtés, merci de contacter l’association à l’adresse suivante :  asmloire@orange.fr

Bulletin d’adhésion  : cliquer ici

L’ASM Loire adhère à la FFAM (Fédération Française des Associations de sauvegarde des Moulins) qui regroupe une centaine d’associations réparties dans toute la France, totalisant plus de 10 000 adhérents.

L’association a pour objectif la sauvegarde de ce patrimoine, le 3ème de France, qui bénéficie d’un énorme capital de sympathie dans la population, et surtout de faire en sorte que les moulins participent à la lutte contre le réchauffement climatique en remettant les turbines en marche pour produire non pas de la farine, mais de l’énergie électrique renouvelable, conformément aux objectifs de la COP21. Mais cette logique s’est heurtée à une décision administrative qui a entrepris de détruire ce petit patrimoine et d’effacer nos racines identitaires rurales, au nom d’un objectif utopique : le retour des poissons dans un milieu aquatique pollué dans lequel ils ne peuvent plus vivre.

L ‘Association doit donc expliquer que les seuils et les moulins sont d’intérêt général :

La France s’apprête à supprimer plusieurs dizaines de milliers d’ha de zones humides malgré les engagements pris durant la conférence de Paris sur le climat cette année. Tout le monde sait à quel point les zones humides sont importantes pour la planète grâce à leurs fonctions écologiques multiples qui leurs permettent de digérer nos nitrates et autres polluants agricoles, y compris les pesticides, et tout cela gra-tui-tement !
Tous ces processus se passent dans les lacs, les étangs, les mares et … derrière les seuils de nos 60 000 vieux moulins, qui ont en plus la capacité d’absorber le gaz à effet de serre et d’oxygéner l’eau. Ces seuils représentent plusieurs milliers ha de zones humides. Mais ils sont voués à la destruction suite à une loi Française, la LEMA de 2006, (et pas à cause de la directive cadre européenne sur l’eau de 2000) parce qu’on reproche aux seuils de faire disparaître les poissons ?
Nous passerons sur l’histoire qui prouve que les moulins ont fait très bon ménage avec les poissons durant des siècles, et que ce sont les barrages construits au 19ème siècle qui ont stoppé les migrations. Mais aujourd’hui, 150 ans plus tard, rester figé sur ce constat est un peu surprenant, surtout après la COP 21 qui nous a appris que la pollution et le changement climatique sont à l’origine de la sixième crise d’extinction d’espèces ! Pour faire court, la destruction des inoffensifs seuils de moulins (3ème patrimoine de France) et même des barrages, véritables obstacles, ne peut plus ramener nos poissons, mais au contraire, va accélérer leur disparition. Pourquoi ? Parce que les fonctions de ces zones humides vont disparaître. Au lieu d’ajouter une ligne sur nos feuilles d’impôts ne serait-il pas plus astucieux de faire travailler la nature et de construire des seuils, en les équipant pour éventuellement faciliter le passage des quelques centaines de saumons qui restent en France ?
Mais il y a pire, il faudra aussi dire adieux à nos huîtres et à nos coquillages qui sont déjà en train de mourir le long de nos côtes, alors que la destruction des seuils ne fait que commencer… Plus on enlèvera de seuils, plus les polluants arriveront vite sur nos côtes et ils seront en pleine forme ! L’eau arrivera aussi plus vite, augmentant les risques d’inondations. Ce n’est toujours pas tout, ces seuils peuvent aussi être employés pour transformer la force motrice de l’eau en énergie électrique renouvelable de proximité, pas chère du tout, technique durable par excellence, apportant un peu de ressources dans nos campagnes et surtout créant toutes sortes d’emplois.
L’argent utilisé pour détruire nos seuils de moulins aura exactement l’effet inverse de celui escompté, supprimer les processus d’épuration de l’eau et la production d’énergie renouvelable qui permettrait justement de rendre le milieu aquatique propice à la vie de nos poissons légendaires. Il faudrait changer la loi en intégrant ce que l’on sait aujourd’hui, avant qu’il ne soit trop tard, en se souvenant que les représentants du peuple Français en 1789, ont abrogé tous les privilèges durant la révolution sauf…, sauf les droits d’eau, sur lesquels s’est ensuite bâti tout notre développement énergétique et industriel. Ces droits d’eau n’étaient pas perçus comme un moyen d’asservir le peuple, mais au contraire de le servir. Ces mêmes représentants ont aussi rédigé la déclaration universelle des droits de l’Homme. Ils ont pu préserver l’avenir.

 

Cartes postales

LE CHATEAU DE LESPINASSE
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L’EGLISE DE SAINT-FORGEUX-LESPINASSE
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LE BOURG DE SAINT-FORGEUX-LESPINASSE
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LA NATIONALE 7 TRAVERSANT SAINT-FORGEUX-LESPINASSE
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LA HALLE SEIGNEURIALE

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LE MOULIN DE SAINT-FORGEUX-LESPINASSE
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L’ETANG DE SAINT-FORGEUX-LESPINASSE
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LE DONJON DE SAINT-FORGEUX-LESPINASSE
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Le site historique de l’Espinasse

La Destruction du bourg de l’Espinasse
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Le siège de la baronnie était une « ville franche » au XIVème siècle et était assez important. Il eut un destin assez particulier. Il fut détruit pendant les guerres de religion alors que son seigneur était Antoine DUMAYNE qui s’était mis du parti de la Ligue.
Cette destruction fut relatée par un témoin oculaire, en même temps acteur : Guillaume De Saulx, seigneur de Tavannes.

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« Le printemps venu de ladicte année mil cinq cens quatre ving dix » Saulx-Tavannes et autres « chefs de gens de guerre », qui était « du party du Roy », apprennent que dans la « grosse tour proche de la ville de Marcigny, nommée Milamperle, qui estoit pleine de sel, y avoit garnison des rebelles de la ville de Lyon, qui le devoient en bref conduire à ladicte ville de Lyon : que les troupes du Roy y allant, le pourroient enlever pour les payer et employer les deniers aux urgentes nécessitez, et de plus oster cette commodité aux rebelles ». « Ainsi avec deux cens Maistres de gens de cheval, et mille homme de pied, il (Tavannes) passa proche Nuys où le marquis de Mirebeau le vint joindre, avec vingt cinq Maistres de sa troupe ». Tavannes s’empare de Marcigny et de la tour de sel, Milamperle ; puis fait distribuer ce sel pour payer les compagnies et régiments. Avant d’envoyer ses troupes dans divers logements du pays, « il sollicitoit les gentilhommes voisins, de luy donner advis des ennemis, afin qu’il ne fut surpris à l’improviste. Ayant en nouvelles qu’ils venoient à luy avec nombre de trois cens chevaux, sous la charge du sieur de la Varenne, Gouverneur de la ville de Mâcon »… « ledit sieur de Tavannes , s’achemina en devant d’eux ayant laissé les gens de pied à Marcigny », accompagné du Marquis de Mirebeau et du « Sieur de Cipierre » avec leurs troupes de cavalerie. « Sur l’entrée de la nuit, ayant fait six lieues, ils arrivèrent à Lespinace, où les ennemis pour la plupart étoient logez, et n’avoient encore posé aucune sentinelle. Lors le sieur de Tavannes ordonna au sieur Marquis de Mirebeau, de charger dans le village, et fit mettre les arquebuziers à cheval, pied à terre et le feu dans une maison pour donner clarté, et qu’il demeuroit avec le reste de la cavalerie aux advenues du village attendant les ennemis qui monteroient à cheval. Ledit sieur Marquis s’en acquitta bien. Là furent pris plusieurs prisonniers, et butin, et quelques-uns demeurèrent sur la place, mesmement de ceux qui sortirent à cheval du village et trouvèrent la cavalerie en teste ».
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Pendant ce temps, le feu mis à la maison « pour donner clarté », se serait propagé à tout le village « dont les maisons étaient couvertes de pailles… Depuis ce temps le village n’a pu se rétablir.
Plus tard, seuls furent rebâtis ou restaurés les « services » vitaux : la chapelle (qui subsistait encore en 1791, les four, pressoir et moulin banaux, le pilori, les halles seigneuriales où se tenaient la justice seigneuriale et chaque année les deux foires importantes du 23 avril et du 14 septembre ; elles s’y tenaient encore en 1790, date à laquelle Saint-Germain demande qu’elles soient transférées dans leur bourg ; mais un arrêté du Directoire du 4 germinal An II autorisa le transport des foires et des halles du hameau de l’Espinasse à Saint-Forgeux, où ces dernières se trouvent toujours, transformées en salle d’animation rurale en 1977-1978.
L’incendie de 1590, tragique épisode de la guerre de Ligue à entraîné la disparition totale de la ville de Lespinasse pourtant dotée de remparts, d’un château-fort, de maisons particulières nombreuses et naturellement protégée par des
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tangs alimentés par la Teyssonne.

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Seules ont survécues, une tour carrée qui se dresse imposante au milieu des prairies et les Halles (dont nous avons déjà parlé) mais les substructions sont toujours là et le plan des rues apparaît très nettement lorsque l’on survole le site en avion. De cette époque, à quelques distances sur la route, date le château Renaissance de Lespinasse, remanié en 1886.

En 1970, l’Espinasse n’est qu’un « village de quatre à cinq feux » ; « c’est un marécage occasionné par le séjour des eaux » (*9). Aujourd’hui, c’est un hameau où l’on peut voir :
– Le donjon de la ville, haute tour carrée à angles arrondis, dressée sur une motte artificielle ; autour d’elle, à une certaine distance, on peut repérer (en particulier en avion), le tracé des anciens fossés de la ville, qui donne une petite idée de la superficie de celle-ci ;
– Le vieux moulin à aubes encore récemment en activité ;
– d’anciennes fermes à colombage, accompagnées d’un pigeonnier ;
– le château seigneurial, où siégeait le tribunal, qui fut peut-être reconstruit après les événements : en effet, l’état actuel révèle des parties de la deuxième moitié du XVIème siècle (pour le corps du bâtiment le plus important), du XVIIème siècle (porte à bossages) et du XIXème siècle.

Le Donjon de Lespinasse (monument historique du XII ème), le château renaissance du XVI ème siècle à façade en briques vernissées qui était le siège du tribunal, la ferme du XVII, sont les principaux témoins de ce que fut jadis la cité réputée et prospère de Lespinasse.
En 1590, un incendie ravagea en une nuit l’ancienne ville fortifiée de Lespinasse qui possédait des remparts et de nombreuses maisons alimentées en eau par la Teyssonne.

Un peu d’histoire

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Etymologie de Saint-Forgeux-Lespinasse : ec.san Ferreoli et capella de Espinatia (1166), de Ferreolus, évêque de Limoges au VIème siècle ou d’un martyr à Vienne au IVème siècle – Espinasse de spina au sens “Aubépine” ou de “prunellier” (épine noire).

Nom des habitants  : Les Saint-Ferreolois.

La commune de Saint-Forgeux-Lespinasse est composée d’une partie des terres de la Baronnie de Lespinasse qui fut complètement détruite en 1590. La seigneurie de Lespinasse possédait haute, moyenne et basse justice. Avec sans doute plusieurs centaines d’habitants, elle dépendait du bailliage de Semur en Brionnais et était célèbre au Moyen Age pour ses foires (les Halles seigneuriales épargnées par l’incendie qui ravagea la ville, ont été transférées au bourg de Saint-Forgeux-Lespinasse en 1794, restaurées depuis et elles servent aujourd”hui de salle de réunions).

L’ancienne ville de Lespinasse
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L’incendie de 1590, tragique épisode de la guerre de Ligue à entraîné la disparition totale de la ville de Lespinasse pourtant dotée de remparts, d’un château-fort, de maisons particulières nombreuses et naturellement protégée par des étangs alimentés par la Teyssonne. Les anciennes halles de l’Espinasse qui ont été transportées à proximité de la façade de l’église, défigurées par des remplissages de briques.
Le bourg de Saint-Forgeux-Lespinasse

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L’existence du bourg date dès le XIIème siècle. Les terres appartenaient aux Lespinasse au XIIIème siècle.

A quelques kilomètres de Saint-Forgeux-Lespinasse, le hameau de l’Espinasse, qui a donné leur nom à Saint-Germain et Saint-Forgeux, est à lui seul un but de promenade agréable et intéressante. Ce hameau, à proximité duquel la Teysonne, le Lyron et le Jubilion, mérite une visite tant pour ses vestiges, que pour la beauté et le calme du paysage.

Jadis, station gauloise et gallo-romaine, comme en témoignent les découvertes de site taillés, de pierres polies, de monnaies gauloises et romanes au siècle dernier, l’Espinasse était au moyen âge une vraie petite ville, sans doute en raison de sa situation à la limitee du Forez et de la Bourgogne dont elle faisait alors partie. outre les vestiges qui attestent encore de sa grandeur passée (le château et le donjon), des fouilles ont révélé les substructions de l’église. Les halles existent toujours mais ont été, par arrêté du Directoire (4 germinal An II de la République) transportée à Saint-Forgeux-Lespinasse.

LE CHATEAU DE L’ESPINASSE

En arrivant à l’Espinasse, le château apparaît le premier, à droite. Le corps principal est une construction coiffée d’une toiture aiguë qui rappelle celle du Petit Louvre de La Pacaudière et celles de Boisy et Saint-André, qui sont sensiblement contemporaines.

La Façade orientale est parementée à hauteur du premier étage de céramique bichrome, ornementation que l’on retrouve au château de Saint-André et sur la Maison Papon de Crozet. Seules les fenêtres du second étage sont d’époque. Elles sont flanquées de petites colonnes qui s’appuient sur un bandeau mouluré.

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Un petit chemin qui suit la Teysonne permet d’accéder à la cour du château dans laquelle on pénètre par un portail en plein cintre du XVIIème siècle (on ne visite pas). Les fenêtres du second étage de cette façade sont du même style que les précédentes, mais elles sont divisées par un meneau de pierre. Sur la porte principale du logis il y avait, au fronton, un écusson qui a maintenant disparu et, au linteau demeure cette inscription énigmatique : AVT VINCI – AVT MORI

L’intérieur comporte, au rez-de-chaussée, deus salles voutées.

LE CHATEAU FORT DE L’ESPINASSE : LE DONJON
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Du château fort de l’Espinasse, il ne subsiste que le donjon qui, très mutilé, a seul survécu au ravage de 1590 dont la ville, qui comptait, dit-on, huit mille habitants. Le village devait être important puisque l’on s’y rendait haute et basse justice.

Ce donjon avait été élevé sur une motte artificielle de cinq ou six mètres de hauteur entourée de fossés (dont on voit encore les vestiges). Il a été construit vraisemblablement XIème siècle sur l’emplacement d’un camp romain. Il faisait parti d’un ensemble de constructions importantes destinées aux habitants et hôtes du château.

Il ressemble aux donjons de Roanne et de Couzan par son plan rectangulaire à angles arrondis. Avant d’être incorporé à un ensemble de constructions, il se trouvait isolé au milieu de l’enceinte. C’était alors le dernier réduit de résistance en cas d’attaque. On n’y pénétrait que par un pont volant, par le premier étage ; la salle basse n’avait aucune communication avec l’extérieur ; on y accédait au moyen d’échelles débouchant dans une trappe ménagée dans le plancher de la salle supérieure.

Cette construction de dix-sept mètres de haut, et dont les murs ont cent cinquante centimètres d’épaisseur à la base, semble appartenir à la première moitié du XIIème siècle. Le deuxième étage, postérieur, pourrait être dû à une reconstruction du XVème siècle. Le percement du rez-de-chaussée, nettement plus tardif, peut être attribué au XVIIème siècle.

Noëlas dit que, vers 1885, la tour était couverte d’une voûte en berceau brisé, renforcée par deux arcs transversaux. Elle a dû s’éffondrer vers 1891.

Signalons encore une entrée de ferme, sur la route de Vivans, à quelques mètres du château. Elle est surmontée d’un pigeonnier très délabré qui garde beaucoup de charme.

Les substructions du château sont toujours là et le plan des rues apparaît très nettement lorsque l’on survole le site en avion. De cette époque, à quelques distances sur la route, date le château Renaissance de Lespinasse, remanié en 1886.

Ce donjon a ses histoires et ses légendes… On a parlé des “dames” ou “fantômes” qui rôdaient autour du Donjon. Il est certain que les deux rivières : La Teyssonne et le Briquet et les étangs peuvent expliquer la formation de brouillards ou nappes pouvant permettre de croire à la présence de fantômes.

M. Noëlas dans ses légendes foréziennes a écrit :

“Le baron appelé dans l’histoire conte du Châteauguet, voulut contraindre un moine à donner ses habits au diable couché dans le lit du baron. Nullement ému, le religieux fit un signe de croix et à l’instant même un bruit effroyable retenti dans toute la vallée, la terre s’entrouvit et la ville toute entière s’engloutit au fond des enfers entraînant avec elle le baron maudit.”

M. Noëlas cite également : “on dit que pendant les longues et froides nuits d’hiver on entend souvent autour de l’ancien donjon de l’Espinasse des bruit confus de chars qui roulent, des cloches qui sonnent, d’enfants qui pleurent. La tour s’enfonce alors et le voyageur attardé voit errer sur les bords de la Teyssonne, une femme au long voile blanc, qui gémit tristement en regardant couler l’eau.”

C’est l’ombre de la ville de l’Espinasse, qui sur ses ruines, pleure sa splendeur passée.

L’EGLISE ROMANE DE SAINT-FORGEUX-LESPINASSE

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L’église date du XIème siècle De construction relativement récente, Saint-Forgeux-Lespinasse s’enorgueillit de la présence d’un église romane élevée au XIème siècle.

En 1921, des travaux de restauration ont permis de dégager des fresques au XIVème siècle (aujourd’hui classées par les Beaux-arts).

Vieille église Romane qui possède encore un joli chevet et un curieux escalier extérieur conduisant au clocher, on entre dans l’église par un porche avec auvent. L’intérieur n’offre d’autre intérêt que les célèbres peintures murales du mur gauche (quatre évangélistes et le blason de la famille de LEVIS). Laissées à l’air libre, ces peintures ont beaucoup souffert, et il est actuellement impossible de les déchiffrer. Nos ainés ont heureusement laissé des photos et une description très précise, sans lesquelles elles seraient vouées à l’oubli le plus total.
Reprenons donc les notes laissées par N. Thiollier et G. Brassart : « En commençant par la gauche, on voit d’abord une Sainte assise sur un siège sans dossier. Sa tête auréolée d’un nimbe d’or est couverte d’une coiffe blanche. Elle est habillée d’une robe rouge brun. Elle tient dans sa main droite une palme jaune d’or, et dans l’autre un livre ouvert. Sur le siège à sa gauche, un agneau nimbe. De chaque côté, deux jeunes filles sont agenouillées. L’une a les mains jointes, l’autre égrène un chapelet. Toutes deux portent le même vêtement. Leur coiffure est une longue cornette qui descend presque jusqu’à leurs pieds. La palme, l’agneau et les jeunes filles semblent désigner Saint-Agnès.
La scène suivante représente le baptême du Christ. A gauche, un ange aux ailes rouges et blanches, nimbe et ceinture jaune d’or, robe blanche. Le Christ est debout dans une cuve. Son nimbe, ses cheveux et sa barbe sont jaune d’or. Il en est de même pour Saint-Jean-Baptiste qui est vêtu d’une robe brun rouge. Il tient dans sa main gauche une petite maison qui est surmontée d’une croix.
A la suite de Jean-Baptiste, on voit un pèlerin tenant son bourdon. Il est coiffé d’un chapeau sans forme ; il a la barbe jaune d’or. Plus bas on voit plusieurs figures de personnages.
Les peintures suivantes reposent sur un enduit de un centimètre environ, elles sont donc plus récentes, et seraient mieux conservées si ce n’étaient les piquages qui devaient faciliter l’adhérence d’un enduit postérieur.
Nous trouvons tout d’abord un blason très mutilé, puis un Saint-Claude, robe rouge et mitre blanche, qui tient dans la main droite une croix à palmettes jaune d’or. Il est debout derrière un tombeau d’où sort un corps que le Saint semble bénir. On lit sous cette scène : SANCTE CLAUDI ORA PRO NOBIS.
En continuant sur la droite, on trouve Notre Dame de la Pitié. Le nimbe de la Vierge et jaune d’or, sa robe rouge et son voile blanc. Le Christ a un nimbe dont la croix est formée de palmette. En dessous une inscription en gothique : DOMINE SALVA NOS.
Ces peintures ne semblent pas remonter au-delà du XVIème siècle.

Légende : La cité disparue

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Qu’elle  était belle cette ville de Lespinasse, entourée par une épaisse muraille et de profonds fossés remplis d’eau. 

On y venait de très loin pour assister à ses somptueuses foires où les marchands de bestiaux côtoyaient les camelots, les marchands d’étoffes, les cracheurs de feu et les joyeux ménestrels…

Elle était nichée au creux d’une immense forêt de grands chênes séculaires, abritant bien des mystères, mais surtout des bandes de pillards qui écumaient la région.

Car la guerre était dans le pays, mais bien peu de ces bandes d’hommes indisciplinés, que l’on nommait « écorcheurs », n’osaient se présenter aux portes de Lespinasse, tellement cette ville paraissait être bien défendue.
Aussi se vengeaient-ils sur les villages alentours sans défense, de Changy, Saint-Germain mais aussi de Noailly, où ils se plaisaient à persécuter les moines du petit prieuré…

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Pauvres moines de Noailly, comme si la guerre ne suffisait pas, ils devaient en plus de tous ces malheurs subir l’humeur vagabonde du très haut et puissant messire chevalier, seigneur et baron de Lespinasse, qui, pour se distraire, leur jouait des tours pendables dès qu’il le pouvait.
Cela alimentait bien entendu les conversations moqueuses des gens de la ville, lesquels n’étaient pas en reste pour railler les moines.
Oh, à Lespinasse, personne n’aurait pensé le moindre mal du Baron qui n’avait sans doute pas mauvais cœur, mais son goût prononcé pour le Garambaud, le rendait souvent de très mauvais poil !
Aussi, dans ses moments d’égarement, il proférait des menaces contre les moines de Noailly, ses souffre-douleurs préférés.

Quant aux gens de Lespinasse, à l’image de leur seigneur, ils passaient le plus clair de leur temps à jour aux cartes et à tenir de vilains propos…On assurait que les femmes, aux mœurs étranges, laissaient très volontiers à la maison, chouettes et chats noirs, pour s’en aller les soirs de pleine lune, retrouver dans les clairières de la grande forêt de Lespinasse, sorciers et jeteurs de sorts, fées et lutins des bois…Bref, cette ville n’avait pas une très bonne réputation dans la contrée ; les manants des alentours disaient préférer mourir plutôt qu’aller habiter dans cette cité, dont le Baron avait fait, selon eux, un pacte avec le diable : d’ailleurs ils racontaient sur son compte, en se signant, de lugubres histoires…

Le diable en question, c’était OEsébius, sorcier-magicien et médecin personnel du Baron ; ce maître en magie noire avait été sauvé du bûcher par celui qu’il servait désormais, en répondant à ses moindres exigences, même les plus farfelues, lorsque le Baron était complètement ivre.
De temps en temps, il l’interrogeait sur son avenir, sa ligne de vie… mais sa distraction favorite, lors de ses grands moments de délire, était la magie.
En effet, son grand plaisir était de voir transformer quelques-uns de ses serviteurs, en rats, chèvres ou corbeaux… !

Pas question pour OEsébius de refuser, il s’exécutait toujours prestement et s’évertuait à faire de son mieux, de façon à ne pas décevoir son seigneur et maître.
Seulement, quelquefois, il lui arrivait de se tromper dans l’énoncé des formules magiques, et le malheureux serviteur choisi pour l’expérience, n’était qu’à moitié transformé, mi-homme, mi-animal ! OEsébius en était alors quitte pour quelques insultes et menaces, heureusement sans grandes conséquences pour lui, puisque le Baron sombrait généralement peu après dans un profond sommeil.
Aussi un soir, le Baron le fit appeler auprès de lui, et comme à son habitude, OEsébius se présenta, son vieux grimoire en main, l’air un peu inquiet, à l’idée de savoir ce qu’il lui demanderait cette fois-ci.

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Approche OEsébius, cria le Baron, ah ! mon fidèle magicien, que ferais-je sans toi ?
Allez, approche, je veux te parler d’un bon tour que nous pourrions jouer ensemble…
Vous savez bien, répondit OEsébius, que j’exauce tous vos désirs maître, commandez et je vous obéirai avec le plus grand plaisir !
Un grand silence envahit un instant l’immense salle où le Baron prenait son souper, puis une longue conversation à voix basse s’engagea entre les deux hommes.
Les serviteurs, sachant qu’avec le magicien, l’un d’entre eux finirait mal la soirée, étaient très inquiets du sort qui se déciderait dans les balbutiements du Baron, qui, de plus, semblait être très content de lui.

Finalement, rien de désagréable ne se passa, et OEsébius regagna prestement ses quartiers.
Quant au Baron, rassasié de cailles rôties, poulardes et autres mets de choix, le tout copieusement arrosé de Garambaud, il se coucha, au grand étonnement de ses gens de maison, qui n’étaient pas du tout habitués à des soirées aussi calmes.
Bref, tout le monde fut satisfait et la nuit fut une des plus silencieuses que le château ait connu depuis des lustres, simplement emplie du ronflement seigneurial.

Mais le lendemain matin, le Baron ne voulut point se lever et d’une voix plaintive, il dit à ses serviteurs qu’il avait passé une nuit tourmentée, pleine de cauchemars, et qu’il ne prendrait pas ses repas habituels.
– Je suis malade, terriblement malade, dit le Baron, mes entrailles me font souffrir, allez donc me chercher OEsébius, lui, saura très certainement de quel mal je suis atteint, il aura très probablement une petite potion pour me remettre très vite sur pied.
Ni une ni deux, on alla chercher OEsébius qui traficotait dans son officine quelques philtres à l’usage douteux…
– Ah, mon bon OEsébius, donne-moi vite quelque chose, car je sens mes forces décliner de plus en plus, la vie me file entre les doigts, mon heure a peut-être sonné…
– Allons, allons, noble Baron, votre constitution fera de vous un centenaire : laissez-moi vous ausculter !
OEsébius, en bon médecin, colla son oreille sur la poitrine du Baron, lui fit tirer la langue, lui palpa le ventre et dit :
– C’est votre foie qui vous joue un bien vilain tour, la bonne chair dont vous faites votre ordinaire, est néfaste à votre bonne santé !
– Oui, et bien contente-toi de remédier à cette petite faiblesse, je n’ai que faire de tes remarques insolentes et déplacées, tu es mon médecin, oui ou non ? Alors aurais-je vraiment besoin de tes services si j’étais toujours en bonne santé ?
Evidemment le Baron avait toujours le dernier mot : OEsébius réfléchit un moment, puis dit au Baron :
– J’ai ce qu’il vous faut !
– A la bonne heure ! répondit le Baron.

Quelques minutes plus tard, il revint avec une petite fiole qui contenait un liquide verdâtre à l’odeur plus que nauséabonde.

– Tenez, buvez ceci et tout ira mieux, dit OEsébius en lui tendant le flacon.
– Tu ne crois tout de même pas que je vais avaler cette mixture aussi puante qu’une vieille charogne ? On jurerait que tu as l’intention de m’empoisonner ! rétorqua le Baron.
– Mais noble seigneur, si…
– Taratata ! Je ne te fais pas confiance, tu as si peur que je t’envoie rôtir dans les flammes d’un bûcher, que tu serais prêt à me faire passer de vie à trépas bien avant mon heure !
Si tu veux que je boive, fais le d’abord goûter à un de mes serviteurs : au hasard, Germain, viens ici mon ami et bois un peu de cette potion, nous verrons bien la suite !

Le malheureux serviteur qui ne s’attendait pas vraiment à cela eut un réflexe de recul mais deux autres le saisirent et lui firent ingurgiter de force l’affreux breuvage.
– Allez, ouste ! Tout le monde dehors, je veux rester avec Germain et OEsébius.
Dès qu’il n’y eut plus personne, le Baron sauta hors de son lit et s’approcha du serviteur qui semblait être figé, pareil à une statue.
– Crois-tu que ton philtre sera efficace pour obtenir ce que je désire ? dit-il à OEsébius.
– Vous savez, maître, la magie est une science très aléatoire, les chances de réussite sont aussi importantes que les chances d’échec, et…
– Alors écoute bien, grand pendard, je te conseille vivement de ne pas me décevoir cette fois-ci, il n’y aura pas d’excuse, ce sera le proscription hors de mes terres et tu sais qu’ailleurs ta tête est mise à prix ; tu n’échapperas pas deux fois au bûcher !
OEsébius était donc prévenu.

Maintenant, passons à la deuxième phase de mon plan ; aide-moi à lui mettre mes vêtements de nuit et le porter dans mon lit ; ensuite, fais ce que nous avions convenu ensemble hier soir et nous nous amuserons bien… !
Une fois le serviteur placé dans le grand lit seigneurial, le Baron se précipita vers une petite commode d’où il sortit une montage de victuailles, accompagnée, cela va de soi, de quelques chopines de vin.
– Ha ! ha ! Tout ceci m’a donné grande faim, dit le Baron d’un ton goguenard, je me sens en pleine forme ! Allez,vaque à tes occupations, pense bien à ce que je t’ai dit, et surtout ne laisse personne entrer ici.

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OEsébius un peu décontenancé par les propos du Baron s’exécuta sans attendre, sortit de la chambre et fit rassembler tous les gens du château dans la salle d’armes. Il leur annonça que le Baron avait une maladie beaucoup plus grave qu’il ne le pensait, qu’il était au plus mal, et selon sa volonté, il demandait auprès de lui le prieur de Noailly pour qu’il lui apporte les derniers sacrements.
Cette dernière annonce eut pour effet de faire souffler un vent de consternations sur l’assemblée. Pensez donc, leur seigneur qui s’était comporté en véritable païen durant toute sa vie, souhaitait maintenant mourir en bon chrétien, avec à ses côtés le prieur des moines de Noailly, auquel il avait cherché des noises des années durant.

La terrible nouvelle fut annoncée officiellement aux habitants de Lespinasse, consternés par cette fin trop pieuse qui n’était absolument pas digne d’un Baron de Lespinasse si enclin à la paillardise.
Un grand doute s’installa dans la ville. Le Baron était-il réellement devenu fou au point de s’en remettre aux moines au moment de son expiation ?
A coup sûr, tous ses ancêtres qui furent Barons de Lespinasse allaient se retourner au moins dix fois dans leurs tombeaux ! En fin de journée, deux gardes du château traversèrent à toute allure la ville et prirent le chemin de Noailly pour y chercher le père Maxime, prieur du monastère.

 

Arrivés sur place, ils transmirent la nouvelle à l’intéressé qui n’en crut pas ses oreilles, comme d’ailleurs tous les autres moines.
Evidemment, il n’hésita pas, il s’agissait de retirer une âme des griffes du diable.
Et comme la mission allait être rude, il se fit accompagner du sacristain et du bedeau, qui eux, n’étaient absolument pas enthousiasmés à l’idée de se rendre, la nuit tombée, au château du Baron de Lespinasse, qui, même mourant, leur donnait des sueurs froides…

 

Peu importe les craintes de chacun, il fallait y aller, et le prieur en tête, le petit groupe se mit en marche sur le chemin de Lespinasse, au milieu de la sinistre forêt dans laquelle hululaient une multitude d’oiseaux de nuits.
Les ombres glissaient, les mugissements et les clameurs aiguës du vent rendirent cette traversée encore plus inquiétante.
Après une bonne heure de marche et quelques chapelets, ils arrivèrent en vue de Lespinasse, dont les hautes murailles se dessinaient sous un grand clair de lune.
Bientôt ils furent face du pont-levis, qui s’abaisse lentement, puis la grande porte hérissée de clous s’ouvrit dans un grincement lugubre, qui glaça encore plus le sang du bedeau et du sacristain.

 

 

 

C’était la première fois qu’ils pénétraient dans cette ville de sinistre renommée.
La rue principale dans laquelle ils se trouvaient, était bordée de tavernes et d’échoppes et menait tout droit au château seigneurial formé d’un imposant donjon carré, entouré de bâtiments à crénelures sur lesquels se devinaient les soldats de garde.
Puis ils se présentèrent devant la porte du château surmontée des armoiries d’or au lion couronné d’azur.
– Oh là, du château ! s’écria un des gardes accompagnateurs, ouvrez les portes et annoncez l’arrivée du père Maxime au Baron.

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OEsébius, qui était à l’affût dans une échauguette, accourut prestement avertir le premier le Baron.

– Seigneur et maître, le prieur est dans vos murs, vite, cachez-vous derrière un rideau, je cours au-devant du messager.

Le Baron eut un petit rire sournois, puis il s’assura que Germain était toujours en place, inerte et inconscient dans son lit.*Tout était enfin prêt pour la « cérémonie »…
OEsébius sotrit aussitôt de la chambre pour déambuler dans le grand donjon, faisant la mine triste et abattue.
Comme prévu, il intercepta le messager qui venait avertir le Baron :
– Je m’en vais sur le champ informer notre seigneur de l’arrivée du Père Maxime, dit OEsébius.
Jusque-là tout se passait comme l’avait prévu le Baron.

Peu après, les portes de la chambre seigneuriale s’ouvrirent, quelques serviteurs du château vinrent s’agenouiller au pied du lit et commencèrent à réciter des prières.

C’est alors que le père Maxime fit son entrée, un bréviaire à la main, suivi du bedeau et du sacristain, tous les deux éblouis par la splendeur des lambris, tapisseries et autres décorations fastueuses ornant la pièce.

 

Le prieur s’approcha du grand lit et dit :
– Comment se fait-il que le Barons se cache sous ses draps, je ne vois que son bonnet de nuit ?
– C’est que…voyez-vous, il ne supporte même plus la lumière des chandelles, il est plus mal, vous savez ! répondit OEsébius, improvisant merveilleusement face à la situation, car il ne fallait pas décevoir le Baron qui surveillait derrière son rideau le bon déroulement de son entourloupette, tout en évitant d’éveiller des soupçons chez le prieur.
– Dites-lui tout de même qu’il fasse un effort pour que je puisse lui donne correctement les saints sacrements, dit le prieur, un peu irrité par la situation et l’heure tardive.

 

– Je vais essayer de le lui dire, mais je ne vous garantis rien, répondit OEsébius.

Alors il s’approcha du grand lit, se pencha sur l’oreiller et marmotta quelque chose qui eut tôt fait de mettre en mouvement le soi-disant Baron… sans toutefois que celui-ci ne sorte de dessous ses draps.

– Bon, je constate que le Baron ne réagit pas favorablement à ma requête, mais je vais tout de même commencer l’office.
Alors que les requiem se succédaient et que toute l’assemblée était plongée dans un profond recueillement, le lit du Baron fut soudain en proie à une grande agitation.

 

Toujours impassible, le père Maxime poursuivait son homélie et rien ne semblait pourvoir l’arrêter, même pas le diable !
OEsébius aussi était en train de prier, mais probablement pas pour la même cause que les autres, non, il priait pour que son tour de magie réussisse.

Enfin, le prieur saisit une hostie et s’avança vers le lit qui était agité par de violents soubresauts.

Au moment où il allait soulever les draps, un vieux bouc malodorant se dressa devant lui en se contorsionnant.
OEsébius avait donc réussi à changer le malheureux Germain en cette bête qui bêlait à tout rompre.

 

L’assistance, dans un premier temps surprise par la présence d’un bouc dans le lit du Baron, laissa éclater sa joie par la suite, lorsque tous comprirent qu’on avait joué un bien vilain tour au prieur de Noailly, qui lui ne riait pas du tout.
Le père Maxime resta droit, sans dire un mot ; sa figure pâlote devint tout à fait blanche ; il garda son hostie à la main, entouré du bedeau et du sacristain qui ne comprenaient toujours pas dans quel piège ils étaient tombés.
C’est alors que le Baron sortit de sa cachette en lâchant de grands rires sonores qui couvraient tous les autres, puis, la démarche arrogante, dit :
– Allons, moine ! poursuis ton office, donne donc cette hostie à ce bouc, il en a probablement plus besoin que moi ! A ces propos tous les rires redoublèrent.

 

Et puis dépêche-toi, j’ai grande faim et suis pressé de faire ripaille, j’espère que tu te joindras, toi et tes deux moinillons, à ma table, je vous dois bien cela, j’ai tellement ri !
– Oh que non ! répondit le père Maxime, je n’ai pas quitté mon monastère en pleine nuit pour venir écouter vos sottises et prendre part à vos soirées de débauches qui sont la honte de notre contrée…

 

Cette réplique cinglante ne fut évidemment pas du goût du Baron qui perdit son sourire.
– Sache, espèce de moine d’opérette, qu’à ce jour, personne de vivant, à ma connaissance, ne m’a parlé avec autant d’impudence ! Ton audace envers moi ne me plaît guère ; ensuite lorsque je donne un ordre, j’entends être obéi sans retard ; alors, pour la dernière fois, je te somme de donner cette hostie à ce bouc ou je fracasse avec mon épée ton maudit crâne sans cervelle !
Alors que le Baron était prêt à sortir de son fourreau sa grande épée, le père Maxime ouvrit grand la bouche et avala d’un trait l’hostie.
– Tu vas me le payer cher, dit le Baron qui était entré dans une colère noire.
Mais au moment où le baron allait asséner le coup mortel au prieur, un bruit sourd et terrifiant se fit entendre. Les murs se mirent à vibrer, les tentures et les vases précieux tombèrent, les serviteurs, pris de panique, sortirent de la chambre en courant, suivis du bouc dont les cornes emportèrent les courtines du lit seigneurial…
Le donjon était si violemment secoué, que le prieur, le bedeau, le sacristain, mais aussi le Baron et OEsébius, furent jetés au sol sans même pouvoir se relever.

 

Soudain, un grand gouffre de lumière apparut au beau milieu de la pièce. Il semblait s’agrandir tout en se dirigeant vers le Baron et le magicien, qu’il absorba dans un effroyable vacarme, avant de se refermer sous les yeux ébahis du prieur et de ses deux jeunes accompagnateurs, atterrés par ce qu’ils venaient de voir.

 

Puis le calme revint, lourd et pesant ; il n’y avait plus un bruit, même pas de cris, de hurlements… le grand donjon semblait avoir été vidé de tous ses occupants par un inexplicable mystère.
Leur premier réflexe fut de sortir très vite de cet endroit maléfique, ils descendirent quatre par quatre les escaliers, mais ne rencontrèrent personne.
Où étaient donc passés tous les serviteurs et les gardes du château ?
Ils arrivèrent bientôt devant la porte qui donnait accès aux autres dépendances.
La porte était entrouverte, c’est alors qu’ils découvrirent avec stupeur que les autres bâtiments du château n’étaient plus là, et plus encore, toute la ville avait disparu !
De la grande ville de Lespinasse, il ne restait plus que le donjon seigneurial dans lequel ils se trouvaient.
Pourtant, ils percevaient du sol, des cris et des voix qui appelaient au secours, mais tout cela était de moins en moins perceptible : puis ce fut un silence total au milieu de la nuit.
Alors, épouvantés par ces bruits qui provenaient des entrailles de la terre, le prieur, le sacristain ainsi que le bedeau, s’enfuirent du plus vite qu’ils le pouvaient de cet endroit maudit et n’y revinrent jamais.

Quant au donjon, aujourd’hui il est toujours là, gisant au milieu des prairies sur lesquelles était jadis bâtie la ville de Lespinasse ; abandonné depuis cette terrible nuit, il ne sert d’abri qu’aux quelques chouettes et corbeaux qui y ont trouvé refuge.
Mais l’on dit encore que les nuits d’orage, lorsque l’on passe sur la petite route près du donjon, il n’est pas rare d’entendre sonner les cloches de l’église Saint-Michel de Lespinasse, qui répondent aux éclairs frappant le sol, alors que le tonnerre couvre les voix du Baron et d’OEsébius criant à tout rompre, pour qu’enfin une âme charitable, vienne les délivrer de leur prison souterraine, dans laquelle ils furent enfermés pour l’éternité…

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